Vérification TQC (Tel Que Construit) en cours de chantier ?

Vérification TQC

Vérification TQC (Tel Que Construit) BIM du chantier du Connecteur (MOA : Crédit Agricole Pyrénées Gascogne)

 

Afin d’améliorer la qualité de rendu des maquettes BIM lors de la livraison des DOE numériques, tout Maître d’Ouvrage (Privé ou Public) a la possibilité de demander une conformité entre les documents numériques produits et la réalité construite. Appelés « Documents conformes au Tel Que Construit », ou « Documents conformes à l’exécution », ou « Documents de relevé final », ou encore « Documents finaux », ces documents (plans, coupes, façades, détails, maquettes, fiches techniques, etc.) sont transmis à la Maîtrise d’Ouvrage (MOA) lors de la réception de chantier.

Comme dans tous projets sans BIM, le Maître d’Ouvrage doit transmettre le plus tôt possible la liste des documents présents dans le DOE numérique. Lors d’un projet en BIM, cette définition des besoins passe par la définition des niveaux de détails graphiques (NG) et des niveaux de détails d’informations (NI) pour les maquettes BIM, mais aussi par les seuils de tolérance admissibles entre la réalité virtuelle (ou modélisée) et la réalité construite. Cette définition des seuils de tolérance permettra de valider la conformité au Tel Que Construit des DOE Numériques (ou DOE BIM).

En cas de nécessité, une certification peut même être établie par certains organismes permettant d’acter la conformité de la mission. Cette étape de validation est essentielle pour passer sereinement d’une maquette BIM dite DOE à une maquette BIM dite GEM (Gestion Exploitation Maintenance).

 

Vérification TQC (Tel Que Construit) en phase chantier, un process continu et essentiel

 

« Fiabilité » est le mot clef pour la vérification TQC (Tel Que Construit), ce qui implique une mise à jour régulière de la maquette BIM. La vérification en cours de chantier devient alors essentielle, notamment pour la prise en compte des incontournables modifications faites sur chantier. Pour le bon déroulement de la vérification, il est préalablement nécessaire de mettre en place une maquette numérique d’un niveau de fidélité à la réalité bâtie suffisamment élevé. Il est nécessaire d’avoir en parallèle les données BIM associées (informations sur les matériaux et sur le matériel, accompagnées des fiches techniques, procès-verbaux, etc.) qui servent déjà à la constitution du DOE BIM et qui nécessitent donc, elles aussi, d’être vérifiées.

 

Etat des lieux des méthodes de Vérification TQC (Tel Que Construit)

 

Les méthodes de vérification TQC (Tel Que Construit) auxquelles on peut avoir recours sont de natures variées :

  • le mètre, aussi simple qu’il y paraisse : il permet des vérifications fiables et ponctuelles ;
  • le scanner tridimensionnel, qui englobe un grand nombre de méthodes, parmi lesquelles la photogrammétrie numérique ou le laser : il permet de comparer une reproduction de la réalité sous forme de nuage de points avec la maquette numérique ;
  • la réalité augmentée, avec la superposition simultanée de la réalité et de la maquette : elle permet une visualisation immédiate des incohérences directement sur site ;
  • la simple comparaison entre la réalité et la maquette (chargée dans une visionneuse BIM) : elle permet la même vérification in situ que la réalité augmentée avec un niveau d’ergonomie inférieur mais qui demeure confortable grâce à l’évolution des visionneuses BIM, notamment grâce à la navigation en vue subjective ;
  • la vérification logicielle réglementaire, automatisée ou non, (qui recourt à des règles conditionnelles) : elle permet la détection rapide de défauts de modélisation parfois invisibles à l’œil nu. Cette méthode permet aussi la vérification de la donnée BIM qui ne peut pas toujours se faire sur chantier pour des questions de temps. Cette dernière forme de vérification se confond, dans la pratique, avec la vérification de la maquette BIM.

Complémentaires, plusieurs de ces méthodes sont souvent combinées pour une vérification efficace et précise, rendant le DOE numérique plus qualitatif.

 

BIM Collaboration Format (BCF), un outil interopérable pour la communication TQC (Tel que Construit)

 

En complément des méthodes de vérification TQC, les outils de communication pour améliorer les reprises ont aussi évolués. Le BCF – pour BIM Collaboration Format – rassemble diverses données permettant un suivi efficace des modifications, de la part de tous les acteurs du projet :

  • la création du BCF fait apparaître l’auteur, le sujet de la reprise, et la date d’identification de la problématique ;
  • les coordonnées et la direction de la vue lors de la création du BCF sont mémorisées afin d’être repositionné au même endroit dans la visionneuse BIM ou dans le logiciel natif, améliorant ainsi la compréhension ;
  • la capture de la « vue maquette » ou les photos du site peuvent être attachées afin d’apporter du détail dans la compréhension de la problématique ;
  • des champs textes complémentaires peuvent être complétés afin de définir la date d’échéance, l’état d’avancement, etc., et ainsi améliorer le management des équipes pour les reprises ;
  • des commentaires peuvent également faire partie des informations BCF, permettant des échanges de questions-réponses ou des prises de décisions autour de chaque problématique.

Ce format de fichier (BCF), tout comme le format IFC, est aujourd’hui largement démocratisé dans le monde du BIM, et géré par la plupart des logiciels et visionneuses BIM.

 

Les acteurs mobilisés dans la Vérification TQC

 

A l’instar de la mise en place des maquettes numériques d’un projet, la vérification mobilise divers acteurs, induisant plusieurs niveaux ou implications de vérifications :

  • l’entreprise de construction : c’est elle qui réalise ses autocontrôles dans un premier temps, ce qui lui permet simultanément de vérifier sa maquette, l’état de son chantier, mais aussi l’avancement de ses travaux ;
  • la Maîtrise d’Œuvre et son BIM Manager : ce sont eux qui sont en charge de la vérification et de la validation des DOE BIM des entreprises du projet, que se soit en termes de qualité des documents ou en termes de conformité au TQC  ;
  • la Maîtrise d’Ouvrage ou l’assistant à la maîtrise d’ouvrage BIM : ce sont eux qui contrôlent le travail effectué par la maîtrise d’œuvre et les entreprises de construction.

 

  • A ce jour, la maquette BIM, comme en conséquence sa vérification TQC, ne sont pas obligatoires en marchés publics ou privés. S’il appartient à la Maîtrise d’Ouvrage de porter la démarche BIM dans ses projets, il en va de même pour la mise en place de l’information nécessaire à la création des DOE numériques BIM et leurs vérifications au Tel Que Construit (TQC) en cours de chantier.

 

A chaque projet sa caractérisation TQC

 

La précision des données graphiques et alphanumériques devant répondre aux besoins en Gestion Exploitation Maintenance (GEM) du Maître d’Ouvrage, il est primordial de modéliser le projet selon ses préconisations. En fonction de la typologie du bâtiment, ou de sa taille, ou encore de son besoin en GEM, le choix du MOA peut être de différencier la représentation d’un même objet selon les maquettes : dessin très précis du bardage de la mairie avec son calepinage, dessin de principe pour les nervures du bardage de la salle de sport, dessin d’un volume sans nervure pour le bardage du hangar de stockage du matériel. Dans chacun des exemples ci-avant, les éléments sont présents et identifiables visuellement, cependant, la précision géométrique permet de limiter le nombre de facettes selon les cas, ce qui impacte le poids de la maquette, et par conséquent les temps de téléchargement et la fluidité de visualisation sous les logiciels de maintenance. Quant à l’information BIM, l’avantage est qu’elle peut être contenue dans l’objet, peu importe son niveau de détail graphique.

Dans la pratique, le cahier des charges BIM d’un projet devrait définir, selon la typologie de celui-ci, le niveau de détail graphique de chaque objet et sa tolérance au réel. L’idée de ce document contenu dans le Cahier des Charges BIM est bien de trouver le rapport optimal entre fidélité de la maquette et poids de la donnée géométrique, adapté aux besoins des objectifs du Maître d’Ouvrage.